La question de l’identité semble être inhérente à nos projets, ou du moins aux personnes qui les portent. Et Yolanda n’échappe pas à la règle. Quand on lui demande comment elle se présente aux gens, elle évoque avant tout ses origines. On le lui fait remarquer et elle s’en étonne, car pour elle, c’est une affaire complexe. “Mon père est de Madrid, ma mère d’Andalousie, j’ai grandi à Bruxelles, je suis partie faire des études littéraires à Lille. J’ai ensuite combiné un Master en coopération internationale et aide au développement, avec une formation de comédienne à Madrid, avant de m’envoler pour une mission humanitaire au Maroc. Et puis, plus tard, j'ai suivi mon mari en Asie et en Amérique latine.” Et la voilà de retour à Bruxelles près de 9 ans après, avec un tas de souvenirs en poche... et deux enfants en prime !
Ce qui lui manque aujourd'hui dans notre capitale belge, c'est "la spontanéité colombienne". "C'est tellement gai de pouvoir voir débarquer les copaines à l'improviste, de pouvoir compter sur un cercle d'ami·e·s et de voisin·e·s, de laisser jouer les enfants au parc... sans devoir planifier ça des mois à l'avance."
En tout cas, pour quelqu'une qui dit ne pas aimer faire des choix, elle en a fait pas mal !
Avant d’intégrer Réciproque, Yolanda aimait déjà échanger avec des jeunes, les écouter, débattre avec elleux, comprendre leurs questionnements. Professeure au sein du Lycée français au Sri Lanka et puis en Colombie, elle a côtoyé toutes les tranches d’âge. Des bambins à Colombo aux ados (qu’elle adore !) à Bogota. Elle aime la curiosité, apprendre des autres, enseigner par le jeu et le savoir-faire. Elle est passionnée par la créativité ! Ce qui l’a d’ailleurs poussée à choisir une alternative à la vie d’enseignant·e. Parce que, non, nos systèmes éducatifs ne sont souvent pas les plus novateurs ou imaginatifs. Parce que le métier de prof manque clairement de reconnaissance. Parce que la hiérarchie et le cadre restent la norme.
Alors plusieurs désirs s’immiscent en elle et s’entremêlent : celui de se rapprocher du continent européen, familial, et celui de bifurquer professionnellement. Retrouver un projet qui fait sens, et qui allie pédagogie et fantaisie. Et voilà que débarque Réciproque ! “Je le dis souvent comme ça, mais c’est Réciproque qui a choisi pour nous notre futur lieu de vie ! Sans cette annonce, je serais peut-être à Lyon, à Madrid... ou à Poitiers !”
Avec Réciproque, Yolanda découvre encore un autre public : celui des 17-30 ans. Et on peut dire qu’elle admire celleux qui parviennent à monter sur scène et livrer une partie d’elleux-mêmes. Alors on veut en savoir plus, savoir qui elle était, elle, à 17 ans. “Je me suis souvent sentie illégitime. Et parfois aujourd’hui, je porte encore ce “syndrome de l’impostrice”. Je crois que c’est pour ça que j’ai enchainé les études et les diplômes : pour donner de la valeur à qui je suis et ce que je fais. Pour dire que c’est justifié. Et puis je suis la première génération de ma famille qui étudie et donc, ça se mérite.” Hormis son parcours scolaire, Yolanda s’est énormément épanouie et révélée dans deux passions : le tennis (pour le plaisir de son père) et le théâtre (pour son propre plaisir, à elle). Mais si sur les planches, Yolanda se sent à sa juste place, il n’en est pas moins qu’elle redoute les prises de parole en classe ou en public. “Ça va mieux aujourd''hui, mais quand on devait réciter une poésie ou faire un tour de table, j’avais toujours les mains moites, je rougissais, je sentais mon coeur battre la chamade…” Car au théâtre, elle joue un rôle. Elle s’approprie un texte qu’on lui a livré. “Mais quand ce sont tes propres mots, comme lors du concours Réciproque, c’est encore un autre challenge !” Alors pour cette première année, elle a tout testé : la formation à la mallette pédagogique, les Master Class et même le rôle de maîtresse de cérémonie. Baptême de feu !
Réciproque est en perpétuelle évolution. “Nous sommes, avec toute l’équipe, en pleine écriture de la suite. Il y a des choses à revoir, à améliorer, mais les changements peuvent s’opérer dans la joie. Le plus important, c’est de ne pas perdre de vue l’enthousiasme pour les projets. Je ne veux pas oublier ce qui fait briller les yeux des participant·e·s.”